La rentrée approche, tout comme la fin de l’été, et avec le changement de température, la fatigue du travail… tout ce qu’il faut pour mettre à mal notre organisme et tomber malade. La tentation est grande lors de cette période de se donner un petit coup de « boost » avec quelques suppléments alimentaires et bien souvent à base de plantes, comme le veut la tendance actuelle, puisque les plantes sont naturelles donc forcément bonne pour notre santé ! Mais qu’en-est-il vraiment ? Quelles sont ce plantes ? Sont-elles efficaces ?
Définition
Ce concept d’adaptogène n’a pas de fondement scientifique dans nos pays occidentaux, il a en effet été inventé par le pharmacologue russe Nicolaï LAZAREV qui cherchait à définir le type d’actions de certaines plantes comme le ginseng. Selon lui un adaptogène caractérise « une substance pharmacologique capable d’induire dans un organisme un état de résistance augmentée non spécifique permettant de contrebalancer les signaux de stress et de s’adapter à un effort exceptionnel ».
Un adaptogène serait donc un protecteur physique et mental contre le stress et les agressions pathogènes, un supplément tonique augmentant la résistance générale, et permettant de lutter contre la fatigue et permettant une meilleure régénération post-effort. Malheureusement pas de preuves scientifiques à cela, mais une parfait allégation marketing. Ainsi, si le seul bienfait mis en avant d’un produit est son allégation adaptogène, méfiez-vous !
Le ginseng
Le Panax Ginseng ou Ginseng de Corée : l’une des plantes les plus utilisées pour traiter tout et n’importe quoi via ses vertus tonifiantes. En effet le ginseng permettrait de lutter contre la fatigue et le stress (en augmentant le taux de cortisol dans le sang, hormone régulant notre stress), de soutenir le système immunitaire (en stimulant l’action des lymphocytes) et d’augmenter l’endurance du sportif. Cependant sur ce point les études sont contradictoires, certaines montrent une augmentation du temps de pédalage à un test d’endurance, une apparition retardée de la fatigue lors d’un effort aérobie sur tapis de course ou encore une baisse du temps de réaction en foot et d’autres ne montrent aucune amélioration de la performance de l’endurance en foot et en triathlon. Par ailleurs chez la femme la supplémentation de 400mg de ginseng chez la femme ne semble améliorer ni la performance ni la récupération.
Les effets bénéfiques étudiés semblent venir de la stimulation de l’activité des enzymes antioxydantes suite à la prise de ginseng. A l’inverse l’absence de résultat pourrait provenir :
- de la qualité du ginseng et de la teneur des suppléments en ginsenoside. Les racines de qualité doivent-être cultivées pendant 5 à 6 ans et ramassées en automne, et un supplément efficace doit contenir 14 à 15mg de ginsenoside pour 1g, mais selon la qualité du produit ils contiendront plus ou moins de saponosides ajoutés artificiellement , ne provenant donc pas du giseng, et ne contenant pas de ginseng;
- de la présence en caféine, celle-ci renforce l’efficacité du ginseng qui en contient. Le ginseng américain en est presque dépourvu alors que le ginseng asiatique en contient de grande quantité.
La dose conseillée par l’OMS se situe entre 0,5 et 2g de racines séchées par jour de préférence le matin. Les suppléments de phytothérapie contiennent généralement 7% de ginsénoïde (200mg par dose) à prendre 3 fois par jour. Attention, il existe un autre type de ginseng, le ginseng de Sibérie ou éleuthérocoque dont les études ont tendance à montrer son inefficacité.
Les autorités de santé ont des avis divergents sur l’utilisation du ginseng :
- Organisation Mondiale de la Santé : reconnaît comme cliniquement établi l’usage du ginseng pour améliorer les capacités physiques et mentales lors de fatigue, d’épuisement, de troubles de la concentration et chez les personnes convalescentes ». Elle considère comme « traditionnel » son usage dans le traitement « des troubles de l’érection, des ulcères gastriques, du diabète de type 2 et pour protéger le foie ».
- Commission E du ministère de la Santé allemand reconnaît l’usage du ginseng comme « tonique lors de périodes de fatigue, de faiblesse, de difficultés à travailler et à se concentrer, et en période de convalescence ».
- La Coopération Scientifique Européenne en Phytothérapie reconnaît l’usage du ginseng lors de « diminution des capacités physiques et mentales (fatigue, épuisement, troubles de la concentration, convalescence) ».
- Les Instituts nationaux de la santé américains considèrent comme « fondé sur de bonnes évidences scientifiques » l’usage du ginseng dans « le contrôle de la glycémie en cas de diabète de type 2, la stimulation du système immunitaire dans le cadre des infections respiratoires et dans la prévention des maladies cardiovasculaires ».
- L'EFSA (Agence européenne de sécurité des aliments), par manque de preuve scientifique a décidé que les compléments alimentaires contenant de la rhodiole ne peuvent PAS prétendre soulager la fatigue liée à un excès de stress.
Quoi qu’il en soit des effets indésirables, des contre-indications et diverses interactions avec d’autres produits ont été reconnues :
- Contre-indications : malgré son possible effet sur la régulation de la glycémie, les personnes souffrant de diabète ne devraient pas consommer de ginseng sans l’avis de leur médecin tout comme les personnes souffrant de maladies cardiaques ou d’hypertension artérielle. Les personnes insomniaques ou atteintes de troubles nerveux ou d’obésité devront consommer le ginseng avec prudence. Enfin le ginseng est fortement déconseillé aux femmes enceintes, allaitantes et aux enfants.
- Effets indésirables : nervosité, insomnie, diarrhée, irritabilité, élévation de la pression artérielle et palpitations.
- Interactions : la consommation de ginseng peut poser problème s’il est associé à un traitement anticoagulant, un traitement contre le diabète ou un traitement pour le coeur.
Le guarana
Les graines du guarana sont utilisées pour ces effets stimulants et énergisants que lui confère son importante teneur en caféine, la vitesse d’assimilation de cette dernière semble être la même que la caféine pure, mais bien souvent les utilisateurs la préfère. Cependant des études récentes semblent montré que la caféine seule du guarana n’explique pas l’ensemble de ses vertus stimulantes ce qui expliquerait la préférence des consommateurs.
Le guarana est communément utilisé comme stimulant physique et intellectuel, mais aussi pour favoriser la concentration, la mémoire, l’immunité et dans les régimes amincissants comme brûleur de graisse.
Le guarana est contre-indiqué aux enfants, aux femmes enceintes et allaitantes et aux personnes souffrant du coeur. Il est déconseillé de le consommer le soir et ces effets secondaires en cas de grande consommation sont les mêmes que pour la caféine (élévation du rythme cardiaque, palpitations, élévation de la tension artérielle, tremblements, agitation, anxiété).
La rhodiole
La rhodiole est l’une des rares plantes pour laquelle plusieurs études s’accordent à prouver ses effets bénéfiques : antioxydants, stimulants et permettant de lutter contre l’asthénie. Par ailleurs on lui attribue la capacité à améliorer la lutte contre le mal aigüe des montagnes mais ceci n’a pas était confirmé scientifiquement. Enfin certaines études montrent son efficacité pour lutter contre le stress oxydatif induit par un manque d’oxygène à l’effort d’endurance donc elle augmenterait l’endurance d’un individu, mais ces résultats ne sont pas confirmés par toutes les études. La rhodiole est donc utilisée pour ses effets supposés sur le stress et l’anxiété (diminution), les performances physiques (augmentation), la fatigue (diminution), et sur la santé (prévention des infections, du rhume et de la grippe).
La rhodiole est contre-indiqué chez les femmes enceintes ou allaitantes, les enfants et les personnes bipolaires. Son utilisation est déconseillée pour les personnes sous antidépresseurs, ainsi qu’en fin de journée pour ne pas perturber le sommeil.
Le Ginkgo ou Ginkgo biloba
L’extrait de feuille de gingko biloba serait antioxydant, favoriserait la circulation sanguine, la mémoire et l’oxygénation des tissus et réduirait l’incidence du mal aigüe des montagnes. Si des études ont bien montré les bénéfices sur l’irrigation sanguine et sur une réduction des symptômes liées à l’altitude, la véracité des autres bienfaits restent encore à démontrer.
Le ginkgo ne doit pas être associé à l’aspirine, aux antidépresseurs et aux fluidifiants sanguins. Il doit être éviter chez les femmes enceintes ou allaitantes, les hémophiles, les épileptiques et les personnes devant subir une opération chirurgicale.
La L-théanine
Comme son nom l’indique cet acide aminé se trouve dans le thé (1 à 2% du poids sec des feuilles de thé) et lui confère sa saveur, mais semble aussi lui donner ses vertus relaxantes et immunitaires. En effet 50 à 200mg de théanine permettrait d’élever la concentration cérébrale de sérotonine et de dopamine ce qui favoriserait l’endormissement. En outre lors d’une étude menées aux Etats-Unis les sujets ayant pris durant 3 mois de la théanine ont contracté moins de rhume et de grippe et leurs symptômes ont été moins longs que les sujets ne consommant pas de théanine.
Ainsi le thé vert (les jeunes feuilles sont plus riches en théanine) ou les suppléments en théanine auraient un effet relaxant et boosteraient notre système immunitaire.
L’échinacée
Cette plante aux vertus stimulantes pour le système immunitaire, permettrait de réduire la durée et la gravité des symptômes du rhume et de la grippe, préviendrait les infections des voies respiratoires et réduirait le mal de gorge, diminuerait l’anxiété et augmenterait les performances physiques. Mais toutes les études en sont pas unanimes et tendent donc vers des efficacités possibles ou incertaines.
L’échinacée est déconseillé aux enfants sujets aux otites, aux personnes souffrant d’asthme ou d’allergies, au femmes enceintes et allaitantes et aux personnes souffrant de maladie auto-immune.
En résumé les études scientifiques ne nous permettent pas à l’heure actuelle d’affirmer l’utilisation des adaptogènes végétaux pour toutes les vertus qu’on veut bien leur donner. Les effet bénéfiques sur les boîtes de ces produits sont donc plus ou moins ressentis par les consommateurs et cela est dû aux problèmes inhérents aux suppléments à base de plantes :
- Tous les extraits végétaux ne sont pas de qualité égale.
- Toutes les origines des plantes ne se valent pas (le café varient en fonction de sa région de récolte, du moment de récolte, de sa variété…).
- La concentration en molécule d’une plante n’est pas la même dans sa feuille que dans sa racine.
- La « transformation », la mise en boîte, le stockage de la plante sont autant de facteurs pouvant jouer sur la concentration du produit en substance active.
- Le bon dosage pour rendre le produit efficace n’est pas toujours connu.
- Dans certains produits plusieurs plantes sont parfois associées et les interactions entre les substances ne sont pas toujours connu et peuvent rendre certaines substances inactives.
L’utilisation de ces suppléments, si vous êtes en parfaites santé, que vous ne prenez pas de médicaments et que l’origine du produit est connu ne sera à priori pas dangereux pour votre santé mais en aucun à 100% efficaces. Ainsi l’avis de votre médecin reste tout indiqué avant l’utilisation d’un de ces produits. Par ailleurs si vous prenez un traitement médicamenteux, des antidépresseurs ou des tranquillisants, des interactions peuvent avoir lieu avec certaines plantes, l’avis de votre médecin est donc indispensable.