Les Apports Nutritionnels Conseillés, c’est quoi ?
Le corps est une mécanique complexe nécessitant un apport quotidien suffisant en énergie et en différents macronutriments (protéines, lipides, glucides) et micronutriments (vitamines, minéraux) pour fonctionner correctement (lutte contre les maladies, fonctionnement physiologique) mais aussi pour garder un poids stable en constituant et en maintenant les réserves énergétiques. Pour couvrir ces besoins en énergies et en nutriments, il faudra adapter son alimentation en termes de quantité et de types d’aliments en fonction de nombreux facteurs comme l’âge, le sexe, l’activité physique, les caractéristiques de chacun mais aussi l’état physiologique (croissance, maladie, grossesse, allaitement). En effet, les besoins en énergie et en nutriments sont définis comme « la quantité de ce nutriment nécessaire pour assurer l’entretien, le fonctionnement métabolique et physiologique d’un individu en bonne santé, comprenant les besoins liés à l’activité physique et à la thermorégulation, et les besoins supplémentaires nécessaires pendant certaines périodes de la vie telles que la croissance, la gestation, et la lactation ». Il n’est cependant pas possible de calculer avec précisions les besoins de chacun, ainsi des recommandations, appelées Apports Nutritionnels Conseillés (ANC), ont été défini pour différents groupes d’individus : adolescents, enfants, personnes âgées, femmes enceintes… mais aussi pour différentes activités physiques.
Au départ, les valeurs des ANC ont été créés pour permettre de corriger les éventuelles carences en nutriments indispensables pour la santé. Puis la quasi-totale disparition des carences cliniques dans nos pays industrialisés, couplée aux connaissances en nutrition ont permis d’établir un lien entre les facteurs nutritionnels et la santé, faisant évolué le concept d’ANC. Aujourd’hui ces valeurs servent à optimiser les fonctions de notre organisme pour diminuer le risque de maladie à composante nutritionnelle. Les valeurs des ANC sont désormais un repère pour couvrir les besoins de la population. Ils sont calculés à partir de la valeur moyenne des besoins physiologiques qui, eux, sont mesurés sur des individus d’âge, et de sexe différent.
Les valeurs des ANC sont définies pour chaque nutriment (macro et micro), en tant qu’apport pouvant couvrir les besoins physiologiques de 97,5% de la population (population considérée en bonne santé), pour un groupe d’âge et de sexe défini. Ces valeurs sont établies sur la base de la couverture du besoin nutritionnel moyen, mesurés sur un échantillon de la population concerné et tiennent compte de la variabilité de ces besoins entre les individus. Ils correspondent en général à 130% du besoin nutritionnel moyen. Ainsi les ANC ne sont pas une norme à atteindre, mais un repère signifiant qu’une situation nutritionnelle proche de l’ANC est une situation nutritionnelle idéale.
Ainsi un apport en dessous des ANC n’est pas signe de carence en ce nutriment, mais de risque plus fort d’une insuffisance d’apport. Enfin un apport un apport au-delà d’une certaines quantités au-dessus des ANC, le nutriment peut se révéler toxique, une limite de sécurité est donc définie pour que l’aliment ne présente aucun risque pour la santé. Ce qui signifie que l’objectif de la politique de la santé publique doit être que l’ensemble de la population atteigne en moyenne les ANC et que les groupes de population à risque soient de mieux en mieux identifiées pour l’ensemble des nutriments.
Ces valeurs d’ANC sont en constantes évolution et constamment recalculées pour rester en adéquation avec le mode de vie du groupe de population ciblé. Par exemple les ANC français, entre 1992 et 2001, ont été modifiés par fois à la hausse, comme pour les fibres ou la vitamine C, mais plus souvent à la baisse, comme pour les protéines, les minéraux (sauf fer et calcium) et plusieurs vitamines du groupe B. Les ANC ont une valeur relative valable sur une période donnée.
Le calcul des besoins
Les besoins en nutriments sont le plus souvent calculés chez l’adulte puis sont adaptés pour l’enfant et l’adolescent. Pour cela différents méthodes sont utilisées :
- De la calorimétrie : calcul de la dépense énergétique sur la base des échanges gazeux.
- De l’eau doublement marquée : calcul de la dépense énergétique sur la base des échanges liquides (eau ingérée et urine éliminée).
- Du questionnaire d’activité : calcul de la dépense énergétique en évaluant dans une journée les différentes activités pratiquées en les associant à un niveau de dépenses énergétiques.
- Des bilans : étude de l’équilibre entre les entrées et les sorties.
- Factorielle : calcul des besoins nets de l’organisme (entretien, croissance, exercice…) en tenant compte du coefficient d’absorption réelle. Cette méthode est utilisée pour les minéraux suivants : calcium, phosphore, magnésium, fer, zinc, et cuivre.
- De déplétion-réplétion pour les vitamines et minéraux : après une période de carence en un nutriment, on le réintroduit dans l’alimentation puis on suit la cinétique de l’évolution des marqueurs.
- Isotopiques : très rarement appliquées, elles permettent via l’utilisation d’isotopes stables de mesurer la synthèse, le stockage, l’oxydation, l’élimination ou la durée de vie d’un nutriment.
- De l’enquête nutritionnelle : qui permet d’évaluer le statut nutritionnel d’une population en mesurant les apports et les marqueurs biologiques pertinents. Elle peut entraîner une surestimation des apports conseillés du fait qu’un ensemble d’individu non soumis à des restrictions ne répond pas forcément à des impératifs de santé. Cette méthode est utile pour compléter les évaluations faites par d’autres méthodes, discriminer le possible du souhaitable par la prise en compte des habitudes alimentaires réelles et aider à la décision en matière de santé publique.
Ce tableau illustre parfaitement la limite des enquêtes alimentaires selon les individus, entre des « gros » et des « petits » mangeurs l’apport alimentaire sera complètement différents.
Les besoins en énergie sont calculés pour équilibrer le bilan énergétique pour que les dépenses et les entrées soient équivalentes. La teneur en énergie des aliments est calculée grâce à des coefficients de conversion : 1g de glucides = 4Kcal, 1g de protéines = 4Kcal, 1g de lipides = 9Kcal et 1g d’alcool = 7Kcal. Les dépenses énergétiques sont calculées pour un individu et peuvent varier en fonction de l’âge (la diminution de la dépense énergétique peut totaliser 30% entre 20 et 75 ans), du moment, du sexe, de l’activité physique, de la thermorégulaiton, de l’état hormonal, de la composition corporelle et du métabolisme de base (fonction cardiaque, respiratoire, renouvellement des cellules, tonus musculaires, dépenses du système cérébral). L’évolution de notre mode de vie, qui privilégie des emplois de bureau et des activités plus sédentaires, a entraîné une baisse des dépenses et donc des besoins énergétiques. Lorsque les apports énergétiques ne sont pas équivalents aux dépenses, il y a alors une modification de la masse corporelle soit en faveur d’une prise de poids soit en faveur d’une perte de poids. Pour déterminer cela, il faut se référer à l’Indice de Masse Corporelle, valable uniquement chez l’adulte, qui correspond au poids de l’individu divisé par sa taille au carré. Un IMC normale se situe entre 18 et 24,9, en dessous on parle de dénutrition (légère entre 16 et 18, sévère en dessous de 16), au-dessus on parle de de surpoids (25 à 29,9), puis d’obésité (moyenne entre 30 et 39,9 ou forte au-dessus de 40). Pour les enfants, on utilisera des courbes établies pour chaque sexe de 0 à 21 ans. Par ailleurs, des facteurs de prédisposition à la prise excessive de poids, pour un apport équivalent en énergie existent, et tiennent à la prédisposition génétique propre à chaque individus devant l’effet de l’alimentation. Cependant les facteurs alimentaires susceptibles de favoriser la prise de poids sont modulables, il s’agit des aliments riches en graisses, accompagnés d’aliments riches en sucres, des boissons alcoolisées, des produits industrialisés, et des « produits de grignotage ». Ainsi les ANC en énergie doivent se superposer aux besoins pour rester en bonne santé, et doivent être considérés comme une valeur moyenne pour une catégorie bien définie.
Vous pouvez, cependant calculer vous-même votre dépense énergétique :
Dépense Energétique Journalière = Métabolisme Basal x Niveau d’Activité Physique
Pour le calcul du Métabolisme Basal, différents calcul :
Pour le calcul du Niveau d’Activité Physique :
NAP = (DA NAPA + DB x NAPB + DC x NAPC + DD x NAPD + DE x NAPE + DF x NAPF) / 24
commenter cet article …