Concernant les enfants :
. Statut en fer des enfants végétariens :
Pawlak R, et al. Ann Nutr Metab 2017;70:88-99.
Il semblerait que la prévalence d’une déficience en fer soit plus élevée chez les jeunes végétariens. Une analyse de la littérature révèle que les résultats sont très variables selon les marqueurs et les définitions utilisées pour le régime végétarien et la carence en fer. Utilisant la ferritinémie, les cas de déficiences en fer chez les végétariens varient de 4,3 à 73 % ; avec l’hémoglobinémie, des taux de 0 à 47,5 % sont enregistrés.
Cinq études sur 8 montrent cependant que les enfants végétariens ont un statut en fer plus bas que les non-végétariens. À noter qu’en 2014, selon une étude en ligne, 4 % des 8-18 ans seraient végétariens aux États-Unis et 1 % végétaliens. Le statut en fer de ces enfants pose donc question.
. Comment bien estimer les apports chez les jeunes enfants :
Padilha LL, et al. Br J Nutr 2017;117:287-94.
Trois ou quatre jours d’enquête alimentaire seraient nécessaires pour évaluer précisément la majorité des apports nutritionnels chez le jeune enfant.
Sur la base de trois rappels des 24 heures non consécutifs, la variabilité de l’apport alimentaire a été étudiée chez 231 enfants brésiliens de 13 à 32 mois résidant dans une région modestement développée.
Pour la majorité des nutriments, la variabilité des apports entre enfants est plus importante que la variabilité entre les différents jours d’enquête pour un même enfant.
Le nombre de rappels des 24 heures nécessaires pour obtenir un coefficient de corrélation optimale (r = 0,9) entre apports relevés lors de l’enquête et apports réels est :
- 2 pour l’estimation des apports en énergie, glucides, acides gras saturés, calcium, fer, phosphore et zinc ;
- 3 ou 4 pour les lipides totaux, protéines et la majorité des autres nutriments ;
- 7 pour les acides gras polyinsaturés, 9 pour la vitamine C, et respectivement 11 et 12 pour les fibres insolubles et solubles.
Si l’on baisse le niveau d’exigence (r = 0,7), le nombre de jours d’enquête requis passe à 1 pour presque tous les nutriments et jusqu’à 3 pour les fibres solubles.
Étant donné le contexte socio-économique et le choix alimentaire limité de la population étudiée, il est probable que le nombre d’enquêtes nécessaires dans un contexte de pays développé avec plus de diversité alimentaire, soit plus élevé.
. Mieux diversifier pour prévenir des allergies :
Ierodiakonou D. & al. JAMA 2016 ; 316(11) : 1181-92. Doi :10.1001/jama.2016.12623
L’âge d’introduction de certains aliments permettrait de réduire le risque d’apparition d’allergie alimentaire associée, mais pas de maladie auto-immune.
En matière de diversification alimentaire les messages se succèdent sans forcément se ressembler. Alors qu’il a été conseillé de retarder l’introduction de certains aliments, il semblerait aujourd’hui qu’il existe une « fenêtre d’introduction » idéale entre 4 et 6 mois. Pour faire le point, des chercheurs anglais ont compilé l’ensemble des études d’observation et des essais cliniques parus sur le sujet ces 50 dernières années. L’âge d’introduction des œufs, poissons et crustacés, oléagineux, arachide, ainsi que du lait, du blé et du soja a été étudié. Ses conséquences sur le risque d’apparition d’asthme, d’eczéma, de rhinite allergique, d’allergie, de diabète de type 1, de maladie coeliaque ou de maladie inflammatoire de l’intestin ont été évaluées.
Les résultats sont concluants pour 2 aliments :
- l’introduction des œufs entre 4 et 6 mois est associée avec une réduction du risque allergique par rapport à une introduction plus tardive (RR : 0,56, p : 0,09)
- l’introduction de l’arachide entre 4 et 11 mois réduit également le risque d’allergie à cet aliment (RR : 0,29, 95% CI, p : 0,09).
Une introduction précoce du poisson entre 6 et 9 mois serait bénéfique sur le risque de rhinite allergique. Les études ne retrouvent pas d’association entre l’âge d’introduction des autres aliments et l’apparition d’asthme, d’eczéma ou de maladies auto-immunes.
Concernant le poids :
. Edulcorants : gare au diabète
Fagherazzi G, et al. Ann Nutr Metab 2017. DOI : 10.1159/000458769
Plus la fréquence journalière et la durée d’utilisation des édulcorants de table s’accroissent, plus le risque de développer un diabète de type 2 (DT2) augmenterait selon les données recueillies sur plus de 60 000 femmes lors de l’étude E3N-EPIC. Par rapport aux sujets consommant « jamais ou rarement » des édulcorants, ceux qui en consomment la moitié du temps à toujours ont un risque accru de DT2 : hazard ratio (HR) de 1,31 et 1,83 respectivement.
En outre, plus la consommation d’édulcorants est ancienne, plus le risque augmente : le HR est respectivement de 1,26, 1,47, 1,70 et 2,10 pour une consommation durant moins de 3 ans, de 3 à 5 ans, de 5 à 10 ans et de 10 ans et plus.
. 1000 jours pour pour prévenir l'obésité infantile
Woo Baidal JA. et coll. Am J. Prev. Med. 2016 ; 50(6) : p.761-79.
De la conception aux 2 ans de l’enfant, il existerait 1000 jours déterminants dans l’apparition d’une obésité ultérieure.
Cette revue de la littérature en langue anglaise a identifié près de 300 articles publiés entre 1980 et 2014 relatifs aux facteurs de risques précoces de l’obésité infantile.
Les résultats de ces études prospectives mettent en avant des facteurs de risque maternels (surpoids pré-conceptionnel, prise de poids trop importante pendant la grossesse, tabagisme) et infantiles (poids de naissance élevé et prise de poids trop rapide avant 2 ans). Un nombre plus restreint d’études met en cause un diabète gestationnel, un développement affectif insuffisant, un faible niveau socio-économique, un manque de sommeil, une alimentation inappropriée (diversification avant 4 mois notamment) et une exposition précoce aux antibiotiques. Le rôle protecteur de l’allaitement, retrouvé dans beaucoup d’études, reste inconsistant dans cette analyse, de même que la dépression maternelle ou l’insécurité alimentaire, mais également le mode de délivrance (césarienne) ou l’exposition fœtale à l’alcool ou autres polluants environnementaux.
Finalement, les facteurs précoces d’obésité infantile semblent essentiellement liés à la mère. Le rôle du reste de l’entourage (tabagisme ou surpoids paternel, conseils des professionnels de santé) doit être précisé.
La connaissance de ces facteurs précoces d’obésité doit permettre de mieux cibler les messages et les actions de prévention vis-à-vis de cette pathologie.
. Régime miser le déjeuner
Majdj A, et al. Am J Clin Nutr 2016;104:982-9.
Pendant 12 semaines, 69 femmes en surpoids ou obèses ont suivi un régime hypo-énergétique identique en calories et en nutriments, mais réparti différemment sur les deux repas principaux : soit 50 % de l’apport énergétique total au déjeuner et 20 % au dîner, soit l’inverse.
Les sujets dont l’apport énergétique était plus important au déjeuner présentent une perte de poids et une réduction de l’IMC significativement plus importante.
Le taux d’insuline circulante et l’insulinorésistance sont également moindres. En revanche, tour de taille et profil lipidique sont améliorés sans différence significative entre les deux groupes.
. Finis ton assiette !
Robinson E, et al. Eur J Clin Nutr 2016;70:750-2.
Une injonction qui pourrait favoriser l’obésité comme le révèle les résultats d’une étude réalisée auprès d’environ 400 étudiants britanniques. En effet, 80 % d’entre eux avouent « finir leur assiette » lorsqu’ils sont à table et ce comportement est significativement associé à un indice de masse corporelle (IMC) plus élevé. En outre, une attitude parentale autoritaire pendant l’enfance, encourageant cette pratique, ainsi qu’un désir de ne rien jeter sont des données prédictives d’un tel comportement, de même qu’un IMC élevé et le sexe masculin.
. Flore intestinale et obésité
Vanhoutte T, Huys G, Brandt E & Swings J. (2004) Temporal stability analysis of the microbiota in human feces by denaturing gradient gel electrophoresis using universal and group-specific 16S rRNA gene primers. FEMS Microbiol Ecol.; 48(3):437-46.
De La Cochetière MF, Durand T, Lepage P, Bourreille A, Galmiche JP & Doré J. (2005) Resilience of the dominant human fecal microbiota upon short-course antibiotic challenge. J Clin Microbiol. ; 43(11):5588-92.
Hill MJ. (1997) Intestinal flora and endogenous vitamin synthesis. Eur J Cancer Prev. ; 6 Suppl 1:S43-5
Wu GD, Chen J, Hoffmann C et al. (2011) Linking long-term dietary patterns with gut microbial enterotypes. Science ; 334(6052):105-8
On sait aujourd’hui qu’il existe un lien entre le microbiote intestinal et l’obésité. Pour autant, il n’est pas possible d’attribuer l’obésité au seul microbiote. De plus amples recherches sont encore nécessaires.
L’obésité est liée à des interactions complexes entre facteurs génétiques et environnementaux tels que le régime alimentaire ou le mode de vie. Mais le microbiote pourrait être un facteur supplémentaire à prendre en compte dans cette maladie.
Le microbiote d’un patient obèse est différent de celui d’un sujet sain
Le ratio Firmicutes/Bacteroidetes semble également être le principal marqueur des perturbations microbiennes chez un individu obèse, marqué par une diminution des Bacteroidetes (tableau 1). Une perte de poids permettrait un retour à un profil bactérien similaire à celui des personnes minces.Néanmoins, les perturbations observées ne permet pas de dire si ce microbiote est en partie responsable de l’obésité ou si c’est simplement un témoin des changements alimentaires ou de l’état d’obésité.
Population | Adulte de poids normal (20-50 ans) | Adulte obèse (20-50 ans) | Adulte atteint de MICI (20-50 ans) |
---|
Ratio Firmicutes/ Bacteroidetes | 10/1 | 100/1 | 1/1 à 3/1 |
Le microbiote pourrait-il jouer un rôle dans la prise de poids ?
Le microbiote pourrait être impliqué dans notre métabolisme énergétique : les bactéries intestinales pourraient fournir à notre organisme de l’énergie récupérée de nos résidus alimentaires. Néanmoins, il est primordial de considérer les interactions entre régime alimentaire et l’ensemble intestin-microbiote : attribuer au seul microbiote un rôle décisif dans le développement de la masse grasse n’est pas envisageable. On sait aujourd’hui qu’une combinaison de facteurs environnementaux et génétiques contribue à l’établissement d’un microbiote spécifique d’un individu, lequel pourrait favoriser ou non le développement d’une obésité.
Des marqueurs microbiens prédictifs de l’obésité ?
De récents travaux suggèrent que les personnes ayant une faible diversité bactérienne (en nombre de gènes) auraient un risque plus important de développer des complications associées à l’obésité. Ces résultats restent à confirmer, mais pourraient représenter un nouvel outil dans le diagnostic de l’obésité.
Concernant les produits laitiers :
. Jus végétaux vs lait de vache : pas d'équivalence
Jeske S, et al. Plant Foods Hum Nutr 2017;72:26-33.
La majorité des jus végétaux ont des propriétés nutritionnelles faibles et ne peuvent être considérés comme un substitut du lait de vache. C’est ce que montre l’analyse comparative de la composition nutritionnelle du lait de vache et de 17 jus végétaux du commerce élaborés à partir de céréales, fruits à coque ou légumineuses.
La moitié des boissons végétales testées ont des teneurs protéiques très faibles (< 0,5 g/100 g), voire nuls. Seuls les jus de soja ont des valeurs équivalentes à celles du lait de vache (3,7 g/100 g). En outre, les protéines végétales sont de moins bonne qualité en termes de digestibilité. Le contenu lipidique de la majorité des jus d’amande dépasse celui du lait de vache entier (3,28 g/100 g) alors que celui des jus d’avoine, de riz et de noix de coco est inférieur à 1 g/100 g.
Les valeurs de l’index glycémique (IG) sont basses (< 55) dans le lait de vache et 8 des boissons végétales. Les autres boissons ont des IG supérieurs avec un maximum (> 97) pour le jus de riz – dont la charge glycémique équivaut à celle d’un gâteau – et pour celui de coco. À noter que le taux d’arsenic des jus de riz dépassent les limites acceptables en Europe et aux Etats-Unis pour les eaux de boissons.
Enfin, le lait est une source importante de vitamines A, D, B12, B2 contrairement aux jus végétaux. Certains jus sont enrichis en calcium.
En conclusion, parmi les boissons végétales, le jus de soja semble le plus intéressant. Mais, les auteurs de cette étude insistent sur les risques nutritionnels d’utiliser les jus végétaux comme substitut du lait de vache.
. Du calcium pour éviter le diabète gestationnel ?
Osorio-Yáñez C, et al. Public Health Nutr 2016. Doi : 10.1017/S1368980016002974
Des apports plus élevés en calcium avant et en début de grossesse limiteraient le risque de diabète gestationnel.
Une association inverse entre les apports les plus élevés en calcium et le risque de diabète gestationnel a été retrouvée chez près de 3 400 femmes enceintes de la cohorte américaine Omega. Une réduction de 42 % du risque de diabète gestationnel est observée pour une consommation de calcium ≥ 795 mg/j. Cet effet préventif serait surtout associé à la consommation de produits laitiers écrémés et de céréales complètes.
. Ostéoporose : les effets du lait passés à la loupe
Fardellone P, et al. Joint Bone Spine 2016. doi: 10.1016/j.jbspin.2016.06.006.
Face aux messages contradictoires concernant le lait et la santé, une équipe de chercheurs français a réalisé une revue de la littérature afin de faire le point sur les liens entre la consommation de lait et l’ostéoporose.
Les études épidémiologiques évaluant les liens entre la consommation de lait et le risque de fracture aboutissent à des résultats discordants : effets bénéfiques, neutres ou délétères. Plusieurs hypothèses ont été suggérées pour expliquer les effets potentiellement négatifs, telles que la surcharge acide liée à l’ingestion de lait, l’intolérance au lactose ou encore un effet néfaste du D-galactose, aucune n’a été validée. De nombreux biais méthodologiques pourraient également expliquer ces contradictions, tels que le biais de causalité inverse ou encore la complexité à évaluer rétrospectivement les quantités de lait consommées au cours de la vie.
Les études expérimentales, quant à elles, montrent le plus souvent des effets bénéfiques de la consommation de lait sur les marqueurs de la santé des os. Dans les différents groupes d’âges, y compris chez les enfants et les femmes ménopausées, la consommation de lait est associée à un ralentissement du remodelage osseux et à des valeurs plus élevées ou inchangées de la densité minérale osseuse. Ces effets bénéfiques sont plus marqués dans les populations à faible apport en calcium.
Au vu de l’état des connaissances, les auteurs concluent qu’il n’y a pas lieu de modifier les recommandations concernant la consommation de lait pour préserver la santé osseuse des populations.
. Ostéoporose, protéines et fractures : les hommes aussi !
Langsetmo L, et al. J Bone Miner Res 2016;12 déc. Doi:10.1002/jbmr.3058
Une augmentation de l’apport en protéines, notamment d’origine animale, pourrait réduire le risque de fractures ostéoporotiques (FO) chez les hommes âgés.
Près de 6 000 hommes âgés de 65 ans et plus ont été suivis, à partir du début des années 2 000 et pendant 15 ans, dans le cadre d’une étude américaine sur les FO.
Dans cette population, l’apport protéique moyen correspond à 16,1 % des apports énergétiques totaux (AET, évalués à 1 630 kcal/j) dont 22 % de protéines laitières (PL), 37,7 % de protéines animales non laitières (PANL) et 40,4 % de protéines végétales (PV). L’analyse des données de suivi montre que l’incidence des FO non vertébrales (hanche, avant-bras, poignet, humérus) diminue significativement quand la consommation de protéines augmente sauf dans le cas des tassements vertébraux. En outre, l’origine des protéines joue un rôle, ainsi, l’augmentation de la consommation des protéines d’origine animale est associée à un risque réduit de fractures au niveau de la hanche. Le risque relatif étant de 0,8 pour les PL, et de 0,84 pour les PANL. Aucune association n’est retrouvée avec les PV.
Selon les chercheurs, chaque augmentation de l’apport protéique de 2,9 % des AET, soit de 12 g dans la cohorte étudiée, serait associée avec une réduction de 8 % des FO non vertébrales.